Voici la carte postale des plantations de thé du Sri Lanka, enfin celle que les brochures touristiques nous vendent ! Mais derrière la beauté de ces paysages se cache une toute autre réalité : une nouvelle forme d’esclavage moderne !
« Les travailleurs naissent, vivent, travaillent et meurent dans les plantations.»
Ce processus d’import de main d’œuvre, qui nous rappelle la traite négrière, a été largement utilisé par les colonisateurs européens pour développer partout dans le monde des plantations destinées à produire au plus bas prix des matières premières agricoles (café, coton, banane par exemple) pour le vieux continent, terre de la civilisation et des droits de l’Homme.
Au Sri Lanka, dans les plantations de thé, la situation n’a pas bougé. Figée dans le temps, la communauté des plantations demeure esclave des plantations.
Ah le bon vieux temps des colonies !
Enfermés, cloisonnés, isolés, enclavés, les Tamouls travaillent et vivent dans les plantations. Là-bas pas d’avenir en dehors de la plantation. Dans la famille des plantations, j’ai papi qui travaille à l’usine de thé, maman qui cueille le thé dans les montagnes, devine ce que le fils et la fille feront …
« Je voudrais le fils avocat d’affaire et la fille neuro-chirurgienne et député maire de sa ville ! Pioche ! »
Mauvaise pioche : l’objet de leur présence est uniquement fondé sur leur capacité à travailler péniblement dans les plantations. La plantation est un univers clos avec son propre mode de fonctionnement qui marque la vie sociale et culturelle des populations.
La plantation est un univers qui se suffit à lui-même.
Plus de 10h par jour, six jours par semaine, ils triment dans les champs ou dans les usines pour nous fournir un thé de qualité dont ils ne verront jamais la couleur (là bas ils boivent du dust tea, littéralement la poussière du thé).
Les femmes doivent cueillir mécaniquement, et pour un salaire journalier de 320 roupies (moins de deux euros et moins que le prix d’un thé au bistrot du coin), plus de 18kg de feuilles de thé, sous peine de ne pas être payées. Chaque feuille ramassée est déposée dans un sac ou une hotte tenue par une sangle enroulée autour du front.
Une sangle autour du front, mieux qu’un bandana !
Après avoir travaillé, les ouvrières rentrent dans leur fourmilière, des lines-rooms au milieu des plantations où s’entassent dans des pièces de quatre sur quatre des dizaines de familles. Héritage des britanniques les ouvriers des plantations vivent encore et toujours dans ces baraquements (en mode Germinal) qu’ils ne possèdent toujours pas !
Selon HDO, seulement 38% des ces line-room ont des sanitaires, 54% ont un accès à l’eau et 12% un accès à l’électricité. Dans ces conditions de vie matérielles précaires l’accès à l’éducation, à la santé et à la protection sociale sont à la charge des entreprises depuis les privatisations. Autant vous dire qu’entre réaliser de plus gros profits et assurer un minimum décent pour les travailleurs, les compagnies ont déjà établi leur priorité ! Maladie respiratoires, accidents de travail, malnutrition sont courants dans les plantations où la situation sanitaire des populations est catastrophique. Le secteur de (ou plutôt le droit à) l’éducation n’est pas mieux loti. Avec un taux d’analphabétisme largement supérieur à la moyenne nationale, les populations sont maintenues dans l’ignorance. Manière de perpétuer un système et de contenir toutes velléités de revendications (bref de changement) ! En résumé pour les compagnies, y’a le bon et le mauvais travailleur … le bon travailleur dans les plantations a des droits mais ne le sait pas et le mauvais travailleur a des droits mais se bat pour qu’ils soient respectés !
Travailleurs pauvres, ces communautés sont également considérées comme des citoyens de seconde zone. Alors qu’ils étaient apatrides jusqu’en 2003, des organisations de la société civile et les Nations Unies ont obtenu du gouvernement sri lankais l’inscription dans la loi de leur citoyenneté sri lankaise. La communauté des plantations est exclue des processus de prise de décision politique ou économique qui les concernent.
Représenté politiquement par le Ceylon Workers Congress, la participation politique des travailleurs est malgré tout inexistante. Pourquoi ? Tout simplement parce que le tout puissant syndicat des plantations est cul et chemise avec les politiques et les entreprises.
Sans voix !
Eh bien c’est justement le but de ce projet ! Faire connaître les conditions de vies dans les plantations pour faire bouger les acteurs européens (toi, vous, nous, les consommateurs, les distributeurs, les entreprises, les multinationales, les politiques etc.)
Thé prévenu, l’esclavage moderne, c’est pas notre tasse de thé !